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Programme CFA janvier 2023

affiche

Notre programme musical s’appuie logiquement sur la dualité franco-allemande tout en rendant hommage à quelques grands noms de la littérature européenne, de Luther à Rilke en passant par Walter Scott et Victor Hugo. C’est en 1831 que Mendelssohn compose Verleih uns Frieden sur une traduction vieille de trois siècles par Martin Luther de l’antiphonie grégorienne Da Pacem Domine. En poète de l’Aufklärung, Johann Peter Uz glorifie le soleil avec des connotations spirituelles que le jeune Schubert traite sur un ton solennel. En évoluant vers le romantisme, Schubert sacrifie à la mode des récits fantastiques celtiques comme la Dame du Lac de Walter Scott d’où est tiré Coronach, chant funèbre de 1825 ponctué d’effets de tambours, entonnée à la mort de Duncan. Au même moment, Mendelssohn cite un chant populaire irlandais poétisé par Thomas Moore dans une fantaisie pour piano.

Revenant à des concepts plus classiques, Johannes Brahms compose Nänie en 1881 à la mémoire de son ami peintre féru d’antiquité Anselm Feuerbach qui venait de décéder à l’âge de 50 ans et dont la Joueuse de mandoline orne les affiches et les programmes de notre concert. Quel poème pouvait mieux lui convenir que cette élégie de Schiller imitée des hexamètres grecs qui abonde en références mythologiques ?

Autrichien de Prague, Rainer Maria Rilke finit sa vie en Suisse où il écrit un recueil de poèmes en français qui ont attiré de nombreux compositeurs dont l’américain Morten Lauridsen pour ses Chansons des Roses (1993).

Gabriel Fauré composa son Cantique de Jean Racine à l’âge de 20 ans comme morceau d’examen de fin d’études. Puis, à l’instar de tous les musiciens français œuvrant dans les années 1870, il subit l’influence de Wagner, très palpable dans Les Djinns, d’après un poème en forme de calligramme losangé tiré des Orientales de Victor Hugo, avant de se tourner vers une expression nettement plus hédoniste dans le Madrigal (1883), fondé sur une fugue de J.-S. Bach, et la Pavane, initialement pour orchestre, que le compositeur agrémenta en 1887 de parties vocales sur des vers décadents de Robert de Montesquiou dans l’esprit des Fêtes galantes de Verlaine.

BRUNO GOUSSET